Dictionnaire universel françois et latin,

vulgairement appellé

Dictionnaire de Trévoux

Auteure scientifique : Isabelle Turcan : Professeur des Universités à la Faculté des Lettres de l'université de Nancy2 (UMR ATILF)
Ingénierie d'étude : Viviane Berthelier (UMR ATILF)
Développement informatique : Jean-Yves Kerveillant (UMR ATILF)

Les ornements typographiques : définitions

On nomme « ornements typographiques » l’ensemble des gravures présentes sur les ouvrages anciens : ils ont la mission d’imprimer l’identité d’un imprimeur-libraire et de son atelier typographique propriétaire des bois gravés ou des plaques de cuivre gravées en taille douce. Ces gravures sont les marques de libraire, les bandeaux et les frises, les lettrines et les culs de lampe, parfois plus simplement des vignettes ou de banals motifs géométriques dans des éditions réalisées à peu de frais. Chacun de ces ornements a sa fonction pratique, indépendamment de sa dimension décorative : marque du libraire sur la page de titre, premier élément de la partie consacrée à la carte d’identité de l’ouvrage, bandeaux ou frises au début d’une section au sein de l’ensemble des paratextes ou des annexes, lettrine en début de chapitre ou, dans un dictionnaire, pour chaque section alphabétique, cul de lampe en fin de chapitre ou de section.

Les principaux ornements typographiques propres au livre ancien

Une étude descriptive de tous les ornements typographiques d’un même ouvrage imprimé sous l’Ancien Régime s’impose quand on connaît le contexte historique des XVIIe et XVIIIe siècles avec l’éventualité d’être confronté à des contrefaçons ou à des retirages illicites, ce qui conduit aussi à étudier dans le détail la composition de chaque (lien avec les pages concernées). Ainsi, on connaît les caractéristiques des ornements typographiques propres à l’imprimerie de Trévoux, en particulier, à titre d’exemple pour les premières éditions du Dictionnaire, les lettrines sur fonds de semis de fleurs de lys et les gravures de la page de titre et de certains bandeaux comportant le motif avec l’emblème des fameux canons qui avaient pour mission de rappeler que le Prince de Dombes était aussi Grand Maître de l’artillerie de la Principauté ; inversement, on remarquera sur les éditions lorraines du Dictionnaire de Trévoux que les ornements typographiques comportent des motifs proprement lorrains, belle confirmation de leur valeur identitaire1.

Les ornements des pages liminaires et les gravures du corps du Dictionnaire

 

On distingue les ornements typographiques, présents dans tout ouvrage ancien jouissant d’un certain prestige, des gravures.
Ces gravures sont de deux sortes : les gravures des pages liminaires, généralement des portraits gravés ayant une fonction particulière, et les gravures insérées dans le corps des ouvrages à fonction illustrative qui ne se trouvent que dans des ouvrages nécessitant une explicitation du texte. Dans le dictionnaire que nous présentons ici, seuls les ornements typographiques sont mis en valeur.
La portée patrimoniale des gravures est manifeste tout particulièrement dans l’édition lorraine du dictionnaire présenté sur ce site : son contenu iconographique intéresse directement la connaissance du patrimoine lorrain. De fait, le traitement des documents iconographiques présents dans cette édition, comme dans tout ouvrage ancien inscrit dans un contexte culturel donné, offre le meilleur moyen de transmettre une des composantes du patrimoine culturel lorrain resté méconnu, ce qui conduit ainsi à le valoriser, via la numérisation, autant auprès du grand public que pour les chercheurs s’intéressant au patrimoine imprimé avec textes et illustrations sous l’Ancien Régime.




1 Rappel de la problématique de fond : pourquoi deux imprimeurs lorrains, Pierre Antoine et Henry Thomas, ont-ils choisi de réimprimer, parmi l’ensemble des dictionnaires de langue française présents au XVIIIe siècle sur le marché de la librairie européenne, le Dictionnaire universel François et latin, dit de Trévoux et le Dictionnaire oeconomique de Noël Chomel respectivement imprimés à Nancy et à Commercy, dès le deuxième quart du XVIIIe siècle ? Certes, comme l’a écrit P. Bayle « le monde est dans le fort de sa passion pour les dictionnaires », vogue pour le genre même du dictionnaire et cela, en particulier depuis la fameuse bataille des dictionnaires universels ; mais il reste à justifier l’intérêt d’imprimeurs lorrains pour choisir de rééditer ces dictionnaires… Certes, il est aisé de retrouver différentes strates d’une composante Lorraine dans les dictionnaires du XVIIe siècle, composante susceptible d’être enrichie, mais surtout le dictionnaire est devenu un outil de communication avec une envergure politique, ce qui n’est pas dénué d’intérêt quand on pense à la perspective du rattachement du duché de Lorraine en 1766 au royaume de France.


© Isabelle Turcan (janvier 2012)


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