Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement appellé Dictionnaire de Trévoux |
Auteure scientifique : | Isabelle Turcan : Professeur des Universités à la Faculté des Lettres de l'université de Nancy2 (UMR ATILF) |
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Ingénierie d'étude : | Viviane Berthelier (UMR ATILF) |
Développement informatique : | Jean-Yves Kerveillant (UMR ATILF) |
LA RÉCEPTION DU DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX DU XVIIIe AU XXe SIÈCLE Texte résumé de la conférence donnée par Isabelle TURCAN le 22 janvier 2005 à Trévoux, en la salle du Parlement de Dombes
Quand on considère les grandes phases de la réception du Dictionnaire universel françois et latin vulgairement appelé de Trévoux depuis le XVIIIe siècle, force est de se demander comment la culture française a pu progressivement négliger, voire oublier, un des grands dictionnaires du patrimoine écrit européen et quelle image le public du XXIe siècle aura de cet ensemble documentaire si riche. L’ampleur du sujet abordé aujourd’hui est telle qu’il y aurait matière à plusieurs sujets de recherche et il serait prétentieux autant qu’exagéré de vouloir en proposer ici une étude détaillée : des choix s’imposent pour une première exploration de cet univers dépassant bien sûr le monde des belles lettres et de l’humanisme, de la littérature et des dictionnaires. Cependant, là encore, il importe de « raison garder », du fait du nombre des ouvrages susceptibles de constituer un corpus d’étude dans le vaste ensemble des textes lexicographiques imprimés en Europe depuis les Lumières ; aussi limiterai-je mon propos à quelques dictionnaires de langue française, ceux des plus marquants pour l’histoire de la lexicographie européenne et de la connaissance de l’histoire de la langue française dans toutes ses composantes dont l’étude est facilitée par leurs éditions électroniques1. La série des éditions Dictionnaire de Trévoux ayant été imprimée au cours des trois premiers quarts du XVIIIe siècle, une attention particulière sera accordée aux auteurs de dictionnaires qui se sont exprimés de façon directe ou indirecte par rapport à cet ouvrage, soit pour en reconnaître les qualités, soit pour le critiquer, dans le principe de confrontation de ses contenus à la fois avec ceux de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, dont le premier tome a été donné en 1751, à la fois avec ceux du Dictionnaire de l’Académie française dans les éditions produites de 1718 à 1798 : on n’apprendra rien à personne concernant la piètre estime qu’ont manifestée les encyclopédistes envers les jésuites journalistes du Journal de Trévoux2; mais comme ces derniers ont pris soin de se démarquer à plusieurs reprises dans le Journal de Trévoux des auteurs du Dictionnaire qui, on le sait désormais, ne furent pas limités à des membres de la communauté jésuite, on pourrait penser que les encyclopédistes auraient pu considérer le Dictionnaire avec d’autant plus d’aménité qu’ils l’ont utilisé sans s’en cacher. Mais, curieusement il faut attendre le début du tome 3 de l’Encyclopédie pour être officiellement fixé sur l’utilisation du Dictionnaire de Trévoux comme source reconnue ou même avouée, mais non sans habileté, à l’article BUSES : Nous avons averti que le dictionnaire de Trévoux est en grande partie copié du Furetiere de Basnage. Ainsi quand nous citerons dans la suite le dictionnaire de Trévoux, c’est seulement parce que le nom de celui-ci est plus connu, & sans prétendre faire tort à l’autre qui a été son modele. Plusieurs des articles de l’Encyclopédie qu’on a prétendu être imités ou copiés du Trévoux, sont eux-mêmes imités ou copiés de Basnage. De ce dernier nombre sont entr’autres Armoiries, Abysme, (Blason.) Avocat, (en partie) Amiral, &c. qu’on a particulierement relevés. Art de « noyer le poisson », puisque l’on sait bien que, depuis l’édition de Basnage (1701 et 1702), le Dictionnaire de Trévoux a largement eu le temps de s’affranchir de ses origines pour conquérir son identité propre, dès la deuxième édition de 1721, comme je l’ai déjà expliqué et démontré à plusieurs reprises… Le fait est que sur le grand nombre de références au nom propre Trévoux, indépendamment des nombreuses mentions concernant le Journal de Trévoux, les encyclopédistes ont utilisé le Dictionnaire de Trévoux comme une source largement reconnue explicitement par des renvois, souvent associés à d’autres ouvrages, dictionnaires de commerce, économiques, et le texte source de l’Encyclopédie, la Cyclopedia de Chambers (1728). D’ailleurs, les occasions de critique directe ou indirecte, donc implicites ne manquent pas, avec pour la directe, deux grands ensembles : d’une part, la référence à Trévoux semble n’être faite que pour corriger une erreur propre au Dictionnaire de Trévoux, qu’il s’agisse de corriger une mauvaise orthographe ou l’organisation de la nomenclature dans le cas de variantes graphiques d’un même mot, de contester des définitions, l’identification de catégories dans un domaine tel que la botanique, qu’il s’agisse d’analyses historiques ou géographiques, qu’il s’agisse enfin de mauvaises étymologies, certes imputables historiquement au grand étymologiste du XVIIe siècle, Gilles Ménage, mais que les auteurs du Trévoux n’ont pas pris la peine de rectifier… D’autre part, la critique concernant le Dictionnaire de Trévoux est associée à d’autres reproches portant sur d’autres dictionnaires, une référence critique à un dictionnaire pouvant être l’occasion de corriger le Trévoux, sous prétexte qu’il a été la source du premier, comme à l’article GNOSTIQUE : Ce que le Chambers vient de dire des faux gnostiques, d’après le Trévoux, étant trop général pour donner au lecteur une idée bien distincte de leur doctrine & de leurs moeurs, il est bon d’ajoûter que quoique les Gnostiques composassent différentes sectes, ils convenoient pourtant presque tous sur certains chefs dont voici les principaux. Le domaine des critiques indirectes est plus difficile à appréhender, mais on peut retenir déjà l’idée selon laquelle les rédacteurs du Trévoux n’auraient fait que recopier X, Y ou Z, donc que cet ouvrage n’est qu’un dictionnaire de banale compilation. Resterait à apprécier, avec prudence, nombre de commentaires soumis à interprétation au sein de l’ensemble des discours critiques dans des contextes impliquant un décodage minimal : ainsi que peut impliquer l’usage du qualificatif effrayant à propos de termes ayant trait aux cultures exotiques, quand on sait que, pour une bonne part, nombre de sources du Trévoux sont des relations de voyages de jésuites partis dans des pays étrangers ? « Voyez la description effrayante qu’en fait le Dictionnaire de Trévoux. » … Mais, sans pouvoir nous attarder ici sur l’aventure encyclopédique par rapport au Dictionnaire de Trévoux, intéressons-nous désormais à trois personnalités intellectuelles des Lumières. Tout le monde sait bien que le grand philosophe ironique et hypercritique, formé à l’école des jésuites, Voltaire, n’a jamais ménagé ses critiques quels que soient les sujets envisagés et le Dictionnaire de Trévoux n’y échappe pas : ainsi, Voltaire a-t-il ouvertement critiqué les auteurs-rédacteurs du Dictionnaire de Trévoux dans plusieurs articles de son Dictionnaire philosophique (1764 puis 17653) avant d’interroger les encyclopédistes dans ses fameuses Questions sur l’Encyclopédie (1770-1772), qu’il s’agisse de remarques concernant l’étymologie seule ou l’étymologie associée à une critique de la définition, de commentaires sur les références et citations, sur les définitions liées à la récupération de sources non marquées ou encore à un contexte socioculturel européen particulier, qu’il s’agisse encore du soin à mentionner les sources dans le détail, sans compter la lecture critique du polygraphe, humaniste formé à la théologie et travaillant en historien. On peut se demander si Voltaire, relayant bon nombre de jugements énoncés par les encyclopédistes dont l’audience fut si importante tout au long du siècle des Lumières, n’aurait pas contribué, par ses critiques ouvertes contre les jésuites, faites entre autres à travers le Dictionnaire de Trévoux, d’ailleurs utilisé davantage comme prétexte à dénigrement que comme référence, à répandre le venin de la calomnie en renforçant le poids de cette étiquette de « dictionnaire de jésuites », d’ouvrage limité à une facile et peu sérieuse compilation… Il est difficile d’y répondre de façon absolue d’autant que deux autres exemples de reconnaissance lexicographique tendent à prouver que le Dictionnaire de Trévoux a été reçu de façon favorable par d’autres lexicographes du XVIIIe siècle, tels Jean-François Féraud et Jean-Baptiste La Curne de Sainte-Palaye. Jean-François Féraud, abbé lexicographe, quoique peu connu du public a joué un rôle important de critique métalexicographique avant la lettre en ayant comparé les contenus de dictionnaires du XVIIe siècle avec ceux du XVIIIe siècle dans son Dictionaire critique (1787-1788) : si les nombreuses mentions que Féraud produit du Dictionnaire de Trévoux sont une preuve de la connaissance fine qu’il avait de l’ouvrage, de la reconnaissance linguistique qu’il lui a accordée et offrent un témoignage de lecture de qualité menée sur plusieurs éditions, on constate cependant une faille dans la précision aléatoire de la date de l’édition consultée, sous réserve que l’on puisse prouver que toutes les références de Féraud au Dictionnaire de Trévoux soient de première main. L’intérêt de la lecture de Féraud est double, car elle couvre les premières périodes de l’histoire de la lexicographie française et surtout elle peut prendre en compte, plus de quinze ans après la dernière édition du Trévoux, l’ensemble de la série ou presque, du moins sous réserve des nombreuses vérifications qui s’imposent, Féraud ne précisant que très rarement la date de l’édition consultée. Le nombre de références est tel (plus de 1200) que je n’ai malheureusement pas eu le loisir de mener ce travail de vérifications systématiques, mais sans vouloir imposer ici une étude critique détaillée, je me contenterai de citer Féraud lui-même, dans sa Préface au Dictionnaire Critique ; après avoir évoqué un certain nombre de difficultés, Féraud retient celle des exemples, déjà soulignée par Voltaire, et mentionne le Dictionnaire de Trévoux4. On peut tenter de présenter brièvement les principaux sujets correspondant à la mention du Dictionnaire de Trévoux par Féraud dans son Dictionnaire Critique selon trois perspectives. Le Dictionnaire de Trévoux fait office d’autorité lexicographique, de témoin des usages du siècle (mots nouveaux ou peu anciens, acceptions sémantiques particulières ou enrichissements sémantiques), et si Féraud en critique certains contenus linguistiques5, c’est pour l’inscrire dans une opposition révélatrice avec le Dictionnaire de l’Académie française ou avec le Dictionnaire portatif de Richelet, que la comparaison soit à l’avantage du Trévoux ou à celui de Richelet contre le Trévoux. Féraud était en effet parfaitement conscient de l’importance de la série lexicographique que constituait l’ensemble des éditions du Dictionnaire de Trévoux produites au cours des trois premiers quarts du XVIIIe siècle, et cela, même s’il n’a pas pris toujours soin de préciser la date de l’édition à laquelle il renvoie. Ainsi, on note l’expression de cette conscience de la série dans des formulations qui isolent la première édition, telles que « dans Trévoux, dès 1704 » ou qui, de façon plus vague renvoient aux premières éditions, comme « il y a déjà longtemps qu’on a dit dans Trévoux », « Trévoux n’a point mis ce substantif dans les premières éditions… ». C’est ainsi que sont opposés deux grands ensembles, le « nouveau Trévoux » et « l’ancien Trévoux » : mais il est bien ardu de savoir si le « nouveau Trévoux » est bien celui de la dernière édition de 1771 ou celui de l’avant-dernière édition. De même à quelle édition remonte l’ « ancien » Trévoux ? Il appartient souvent au lecteur de prendre le temps de satisfaire sa curiosité et de vérifier quelle est l’édition frontière entre l’ancien et le nouveau Trévoux… selon Féraud ! L’intérêt du témoignage de Jean Baptiste La Curne de Sainte-Palaye, auteur du Dictionnaire historique de l’ancien français consacré à un vaste pan de quatre siècles de vie de la langue française, soit du XIIIe au XVIe siècle, est double du fait de l’histoire de la genèse et de la publication de son ouvrage. En effet, Jean-Baptiste de la Curne de Sainte-Palaye a travaillé au cours du XVIIIe siècle6, mais son œuvre n’a été publiée qu’au XIXe siècle avec des additions de son éditeur, L. Favre, assisté de M. Pajot, Archiviste-paléographe. Si la somme lexicographique de La Curne de Sainte Palaye est d’abord livresque7, le nombre relativement important de références explicites au Dictionnaire de Trévoux mérite qu’on s’y intéresse, qu’il s’agisse d’attestations de graphies anciennes, d’acceptions sémantiques particulières, de définitions, de reprises de citations produites dans le Trévoux, d’étymologies, ou encore de choix d’entrées nouvelles donc d’enrichissement de la nomenclature motivé par une présence dans le Dictionnaire de Trévoux, etc. Je vous épargne les détails linguistiques et techniques de l’analyse. Mais surtout, ce qui a retenu mon attention, c’est la volonté d’inscrire le Dictionnaire de Trévoux dans une tradition lexicographique qui en fait un ouvrage de référence qu’on doit citer au même titre qu’un Nicot, un Cotgrave, un Oudin, un Monet, un Richelet, un Du Cange, un Ménage, ou même l’Académie française sans oublier un Thomas Corneille pour le Dictionnaire des arts et des sciences… Reste néanmoins une difficulté à résoudre, donc une recherche spécifique à mener du fait d’un détail non négligeable : la plupart des références au Dictionnaire de Trévoux concernant des mots de la lettre A (soit 85%), il est possible qu’elles soient imputables davantage à Favre qu’à La Curne, à l’éditeur du XIXe (1876) plutôt qu’à l’auteur du XVIIIe. En effet, si le critère de la mention du Dictionnaire de Trévoux dans les deux dernières éditions de 1752 et de 1771 dans la LISTE DES PRINCIPAUX AUTEURS CITÉS DANS LE DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE L’ANCIEN FRANÇOIS, n’est pas le plus solide, en revanche, bien après la parution en 1756 d’un premier prospectus, alors que La Curne n’avait pas encore fait imprimer son Glossaire, on sait qu’il fit part, dans un discours fait en 1763 à l’Académie, de sa volonté de publier alors son ouvrage8. Les détails chronologiques dont nous disposons, en particulier celui laissant entendre que La Curne était prêt à publier en 1763, nous autorisent à penser que les références au Dictionnaire de Trévoux présentes dans l’ouvrage de La Curne proviennent en majorité de l’avant-dernière édition du Trévoux 1752, celles ajoutés pour l’édition du XIXe siècle étant imputables à la dernière édition de 1771 en l’absence de mention de l’Abrégé. Mais, reste à vérifier tout ce qui est vérifiable, et là encore, le travail sera long. Dans les productions lexicographiques du XIXe siècle, il est souvent question du Dictionnaire de Trévoux, mais diversement : par exemple, les mentions présentes dans la trilogie des trois grands, Godefroy, Littré et Larousse, sont relativement restreintes proportionnellement aux ensembles considérés et révélatrices d’une forme de négligence, voire d’oubli bibliographique, manifeste chez bien d’autres lexicographes d’un siècle pourtant connu comme le grand siècle des dictionnaires du point de vue de l’édition et de la diffusion… Certes, le Dictionnaire de Trévoux est une référence historique dont la présence est affirmée dans le Dictionnaire des proverbes français de La Mésangère (1823), dans le Dictionnaire abrégé de l’Académie de La Madelaine (édition de 1823), dans le Dictionnaire de Gattel, qu’il s’agisse de réflexions sur la nomenclature, l’étymologie ; de même dans l’œuvre lexicographique de Nodier, en particulier dans son Examen critique : Nodier associe dans une de ses réflexions Furetière, ses continuateurs de Trévoux et Boiste9 ; de même encore dans le Dictionnaire des Dictionnaires de Guérin (1881), qui s’intéresse aux « glossographes de Trévoux » etc. Mais quel Dictionnaire de Trévoux ? Dans quelle édition ? Le corpus d’étude est tel que nous nous limiterons pour terminer à quelques remarques concernant le travail d’Émile Littré qui ne mentionne le Dictionnaire de Trévoux, ni même le Dictionnaire universel de Furetière, dans aucun des paratextes, pas même dans la liste des auteurs cités, alors qu’il est désormais possible – grâce aux éditions électroniques de ce dictionnaire considéré comme le plus fiable en matière d’histoire des usages littéraires –, de relever près de 140 articles où le Dictionnaire de Trévoux fait l’objet d’une référence explicite (par comparaison, on trouve plus de 500 références au lexicographe étymologiste, grammairien et observateur des usages Gilles Ménage10) : les références au Dictionnaire de Trévoux concernent le choix d’une partie de la nomenclature, même si elle n’est pas attestée dans la littérature de référence, notamment quand il s’agit de termes en usage dans des contextes de vie religieuse, de vie militaire ou de vie quotidienne ; des ajouts de références destinées à nourrir la rubrique Historique ; des remarques figurant dans la rubrique étymologie et concernant la reconnaissance du rôle du Dictionnaire de Trévoux comme ouvrage ayant été le premier à proposer une étymologie ou donnant le témoignage d’un usage ancien. Mais l’absence de précision de datation invite là encore à mesurer combien non seulement l’ensemble lexicographique du Dictionnaire de Trévoux en tant que tel fut méconnu, mais combien également, ses contenus aussi bien du point de vue de l’identité de la nomenclature que de celui des enrichissements afférents n’ont pas toujours été reconnus au cours du XIXe siècle. Dès lors on comprend mieux pourquoi et comment cette sorte de tradition de référenciation lexicographique vague s’est maintenue au cours du XXe siècle jusqu’aux premiers travaux d’ensemble sur le Dictionnaire de Trévoux menés ici à Trévoux pour le colloque international organisé les 15 et 16 octobre 1999. En témoigne l’exemple du Trésor de la Langue Française (Nancy, 1971-1994), dont une version informatisée autorise une lecture transversale où les références au Dictionnaire de Trévoux, s’inscrivant dans la continuité du processus observé au XIXe, ont été parfois bien maltraitées11. Puisse ce rapide parcours à travers le temps avoir montré que, si l’on peut imputer à Voltaire et aux encyclopédistes une partie de la mauvaise réputation du Dictionnaire de Trévoux, le dictionnaire n’a pas été autant dénigré par la tradition historique que l’on aurait pu le croire, même s’il n’a pas été toujours connu à sa juste valeur. Beau défi à relever pour les historiens de la langue du XXIe siècle que de réhabiliter définitivement ce véritable trésor lexicographique ! 1Référence précise au Grand Atelier Historique (Redon) et à la version en ligne du Trésor de la Langue Française (TLF) sur le site de l’ATILF. 2Cf. s. v. JOURNALISTE : « Un journal doit être l’ouvrage d’une société de savans ; sans quoi on y remarquera en tout genre les bévûes les plus grossieres. Le Journal de Trévoux que je citerai ici entre une infinité d’autres dont nous sommes inondés, n’est pas exempt de ce défaut ; & si jamais j’en avois le tems & le courage, je pourrois publier un catalogue qui ne seroit pas court, des marques d’ignorance qu’on y rencontre en Géométrie, en Littérature, en Chimie, &c. Les Journalistes de Trévoux paroissent sur-tout n’avoir pas la moindre teinture de cette derniere science. 3D’après une lettre de Voltaire à Damilaville, du 13 juillet 1764, on peut croire que le Dictionnaire philosophique venait d’être publié sous le titre de Dictionnaire philosophique portatif, en un volume in octavo ; après une première nouvelle édition en format in octavo, augmentée de huit articles donnée en décembre 1764 mais datée de 1765, il y eut d’autres rééditions au cours de 1765, année au cours de laquelle le Dictionnaire philosophique fut condamné au feu. 4« Les Exemples, qu’on troûve dans les Dictionaires sont de deux sortes : les uns ont été puisés dans les Auteurs; les aûtres ont été composés à plaisir par les Lexicographes. L’ACADEMIE a préféré cette dernière méthode, qui a ses avantages. Il parait pourtant que le plus grand nombre des lecteurs aime mieux la première ; et dans les Dictionaires de RICHELET et de TREVOUX, on lui a doné la préférence, quand on a pu le faire. » 5Tels la construction grammaticale, les choix de graphie, la relation existant entre graphie et étymologie, les distinctions sémantiques, entre un sens populaire et ridicule et un sens normé, les corrections de définitions inexactes, le fait d’amender des discours concernant des détails d’histoire religieuse. 6Né en 1697 et mort en 1781, il fut membre de l’Académie des Inscriptions en 1724 puis de l’Académie française en 1758 ; il a consacré, selon les termes de Favre, « la plus grande partie de son existence à réunir les matériaux d’un Dictionnaire historique de l’ancien langage françois ». 7Fondée surtout sur les textes anciens dont les citations offrent les attestations de formes et les preuves d’usages dans certaines acceptions et situations syntaxiques. 8Des extraits de ce discours figurent dans le Journal Historique sur les Matières du temps de juillet 1763, sous le titre « Extrait de la première partie de la Préface d’un Glossaire François, lue par M. DE LA CURNE DE SAINTE-PALAYE, à la Rentrée publique de l’Académie Royale des Belles-Lettres, d’après Pâques de cette année » : « […] Je me détermine enfin à publier un ouvrage qui a été pendant quarante années, le principal objet de mes études, et que je sens moi-même n’être pas encore au degré de perfection dont il seroit susceptible. Les raisons qui me décident à le donner tel qu’il est, me justifieront peut-être auprès des Lecteurs. […] ». 9Dans sa Préface de 1834. 10Cité pour son Dictionnaire étymologique ou origines de la langue françoise (1694), et pour ses Observations sur la Langue Française (1672). 11Cf. Isabelle Turcan, « La série du Dictionnaire de Trévoux, une source de références parfois maltraitées dans le Trésor de la Langue Française », texte donné dans le cadre d’un séminaire de recherche au laboratoire ATILF, CNRS, le 21 septembre 2005 (à paraître sur les pages web du laboratoire : http://www.atilf.fr). © Isabelle Turcan (janvier 2012) |