Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement appellé Dictionnaire de Trévoux |
Auteure scientifique : | Isabelle Turcan : Professeur des Universités à la Faculté des Lettres de l'université de Nancy2 (UMR ATILF) |
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Ingénierie d'étude : | Viviane Berthelier (UMR ATILF) |
Développement informatique : | Jean-Yves Kerveillant (UMR ATILF) |
CONNAISSANCE ET RAYONNEMENT DU DICTIONNAIRE FRANÇOIS & LATIN VULGAIREMENT APPELÉ DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX (1704-1771)1 Compte rendu par Isabelle TURCAN des Journées Internationales des 15 et 16 octobre 1999 organisées à Trévoux en la salle du Parlement2 (Publication remaniée dans l'ouvrage collectif Quand le Dictionnaire de Trévoux rayonne sur l'Europe des Lumières, coordination scientifique I. Turcan, coordination technique C. Fayaud de l'association ASTRID, L'Harmattan, Paris, collection "Patrimoine écrit en Europe", 2009, pp. 89-99). Résumé :Le colloque international consacré au thème « Connaissance et rayonnement du Dictionnaire de Trévoux (1704-1771) », à Trévoux les 15 et 16 octobre 1999, visait à l’analyse systématique et rigoureuse de l’identité de ce dictionnaire à la fois par rapport à la série qu’il constitue au cours de sa publication et par rapport au rôle qu’il a joué dans l’histoire de la lexicographie européenne à partir du XVIIIe siècle. Notre compte rendu propose une présentation des objectifs du colloque, une synthèse des principaux apports effectifs des communications selon les deux axes thématiques proposés et un bilan des acquis du colloque ouvert sur les principales perspectives ainsi offertes. Le colloque international qui s’est déroulé à Trévoux les 15 et 16 octobre 1999 autour du thème « Connaissance et rayonnement du Dictionnaire universel françois et latin vulgairement appelé Dictionnaire de Trévoux (1704-1771) » était destiné aux chercheurs spécialisés en lexicographie historique et en métalexicographie, mais ouvrait aussi des perspectives sur l’histoire du livre et l’histoire des idées, du fait — en particulier — des enjeux polémiques que recèle cette série d’éditions d’un dictionnaire resté longtemps méconnu, voire discrédité. Il paraissait donc important de s’intéresser enfin de façon systématique et rigoureuse à l’identité de ce dictionnaire par rapport à la série qu’il constitue dans une micro-diachronie ouverte et par rapport au rôle qu’il a joué dans l’histoire de la lexicographie européenne à partir du XVIIIe siècle. Le présent compte rendu se développera en trois temps, avec : I. LES PRINCIPAUX OBJECTIFS DU COLLOQUE S’ORGANISENT EN QUATRE RUBRIQUES : 1. Il s’agissait en priorité de réunir différents chercheurs ayant travaillé de près ou de loin sur le Dictionnaire de Trévoux, quelles que soient leurs perspectives, qu’il s’agisse d’études structurelles et ponctuelles ou de la simple exploitation du dictionnaire dispensateur de connaissances : 2. Ainsi, il était capital d’établir, à partir d’un recensement puis d’une étude systématique des éditions officielles – trévoltiennes et parisiennes – et parallèles – nancéiennes – ou autres, peut-être trévoltien-nes – de cet ouvrage et en fonction d’une méthodologie tenant compte des caractéristiques du livre ancien, un minimum de critères matériels et textuels permettant une étude scientifique de cet objet sériel. 3. Il devenait alors pertinent d’ouvrir, sur des bases d’analyses relativement fiables, des perspectives d’études interdisciplinaires, associant bibliographie matérielle, recherche des sources, métalexicographie, histoire des idées, histoire culturelle, et littérature, tout en contribuant à revaloriser un dictionnaire resté longtemps discrédité, quoique souvent allégué mais pas toujours de façon pertinente, notamment si l’on tient compte des difficultés éditoriales propres à une série elle-même jusqu’à présent mal cernée. 4. Enfin, s’imposait l’objectif visant à mieux situer la série du Dictionnaire de Trévoux dans l’histoire de la lexicographie française ancienne, à la fois par rapport à l’histoire des sources des dictionnaires anciens et par rapport à d’autres dictionnaires sériels, tel le Dictionnaire de l’Académie Française (1694-1935) ou le Petit Larousse ; à des dictionnaires individualisés, tels ceux de Moréri, Bayle, Féraud, etc. ; ou encore à des monuments tels l’Encyclopédie, le Littré ou le Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle de Pierre Larousse. II. LES PRINCIPAUX APPORTS DES COMMUNICATIONS EN VERTU DES DEUX AXES THÉMATIQUES PROPOSÉS : CONNAISSANCE ET RAYONNEMENT DU DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX 1. Rappel des titres des communications données : - Louise Dagenais, université de Montréal : « De la norme et de l’usage : comparaison de marqueurs chez Féraud (1787) et dans le Trévoux (1771) ». - Peter Halford, université Windsor, Ontario : « Jeux d’une société savante : le jargon jésuite au XVIIIe siècle selon le témoignage de Pierre Philippe Potier (1708-1781) ». - Douglas Kibbee, université d’Illinois, Urbana-Champaign : « Le Dictionnaire de Trévoux et la politique de la langue française ». - Marie Leca-Tsiomis, Chercheur. Paris : « Usages du Dictionnaire de Trévoux par les encyclopédistes ». - Jean Pruvost, université de Cergy-Pontoise : « La représentation dictionnairique du Dictionnaire de Trévoux du XIXe au XXe siècle ». - Jacques-Philippe Saint-Gérand, université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand : « Des rives de la Saône aux bords de Seine : reflets du Dictionnaire de Trévoux dans le Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle de Pierre Larousse ». - Isabelle Turcan, université Jean Moulin Lyon 3 et IUF : « Présentation des différentes éditions du Dictionnaire de Trévoux recensées à Nancy (INALF), Lyon (BM), Paris (BNF), Bourg-en-Bresse (BM) et Trévoux : comparaison des éditions et principes méthodologiques pour une nouvelle approche de l’ordre canonique des éditions trévoltiennes, parisiennes et nancéiennes ». - Chantal Wionet, université de Grenoble : « Que sait-on des rédacteurs du Dictionnaire de Trévoux ? ». - Terence Russon Wooldridge, université de Toronto : « L’accumulation dictionnairique dans le Trévoux (1690-1771) et le Dictionnaire de l’Académie française (1694-1762) : rédaction et lecture ». 2. Proposition de synthèse : 2. 1. Le programme de la journée du 15 octobre s’est défini en fonction du double principe de logique et d’harmonie des deux thèmes proposés avec : 2. 1. 1. Il fallait tout d’abord replacer dans le contexte historique les différentes éditions et leurs retirages, leurs avatars éditoriaux et donner des repères rigoureux, tout en rappelant les principes méthodologiques propres à ce genre d’étude. S’imposait aussi une analyse rigoureuse de la bibliographie matérielle du seul fait des enjeux politiques, religieux et commerciaux qui ont présidé peu ou prou à la naissance du Dictionnaire de Trévoux sur les bases du Dictionnaire Universel de Furetière qui, du coup, se trouve occuper une place particulière dans l’historique de la logique sérielle, du fait même des enjeux polémiques ultérieurs avec, d’abord, l’édition huguenote du Basnage en 1701 puis le Trévoux représentant donc, en quelque sorte, la contre-réforme. Non seulement, il apparaît désormais de façon claire que les éditions du Dictionnaire de Trévoux constituent un tout cohérent et qu’elles doivent être prises en compte en tant qu’ensemble, rendant pertinente une analyse d’histoire sérielle, tant sur le plan purement métalinguistique que sur ceux plus larges de la représentation linguistique et idéologique ; mais cet ensemble de considérations va permettre aussi de mieux cerner le statut des grands dictionnaires des XVIIe et XVIIIe siècles dans l’histoire de la lexicographie française. Par exemple, nous avons déjà montré, pour notre part, l’inanité de la trilogie des dictionnaires de Richelet, Furetière et de l’Académie par rapport à l’étiquette réductrice de « dictionnaire général de langue » (DGL), mais une étude simple et honnête de l’exploitation faite par les rédacteurs du Trévoux des textes de Richelet et Furetière, puis Basnage, complétés par ceux de Gilles Ménage (1650, 1672-1676 et 1694) et Thomas Corneille (1687 et 1694), montre non seulement la volonté première des rédacteurs, jésuites ou non, de récupérer, certes, une certaine composante de DGL pour leur dictionnaire universel, mais surtout de retrouver, au-delà des principes naissants d’une identification de ce qui pourrait être la langue commune, les composantes d’un discours pré-encyclopédique déjà affirmé dans la trilogie pré-trévoltienne de Furetière, Ménage, Corneille, tout en enrichissant une nomenclature idéologique, selon la triple perspective historique, religieuse et philosophique. Le travail présenté par Douglas Kibbee a envisagé le rôle politique du Dictionnaire de Trévoux qui – près d’un siècle avant les Bescherelle de 1846 – revendique dans ses paratextes le statut de dictionnaire « national », en vertu de l’argument selon lequel la construction de la nation passe par la construction de la langue : alors que le Dictionnaire de l’Académie française s’impose comme une « cour souveraine » qui rend des arrêts, sans prendre toujours la peine de les motiver, pour les rédacteurs du Trévoux, si l’on se contente de prendre en compte les principes officiels tels qu’ils sont exprimés dans les différentes versions de la Préface, le principe fondamental de rédaction consiste à préférer fonder les choix lexicographiques sur un discours argumenté, raisonné et appuyé sur des témoignages tangibles qui ne soient pas restreints à un corpus de sources littéraires, mais qui soit au contraire ouvert sur le monde. Chantal Wionet a appréhendé, dans la continuité de sa thèse de doctorat, le rôle religieux du Dictionnaire de Trévoux, tout en montrant que malgré sa réception comme dictionnaire jésuite, il ne fut pas seulement rédigé par des pères jésuites. Après un rappel des analyses de Michel Le Guern qui a montré l’importance des travaux de l’oratorien Richard Simon pour la première édition (1704), sans qu’on puisse se polariser sur sa seule personne (ainsi le nom de Bouhours revient dans la nébuleuse des jeux de l’anonymat bien qu’il soit mort dès 1702), Chantal Wionet a insisté sur les frères Souciet, rédacteurs reconnus de la deuxième édition (1721), malgré la nébuleuse de contributions dans laquelle s’inscrivent déjà des personnalités non engagées dans la religion. L’identité des rédacteurs est, de fait, ensuite progressivement dévoilée d’une Préface à l’autre, dès la troisième édition de 1732, avec les deux personnalités de M. Moreau de Mautour de l’Académie des Belles-Lettres et M. de Jussieu, docteur en médecine, de l’Académie des Sciences, professeur de Botanique... 2. 1. 2. Le thème du rayonnement devait naturellement ouvrir à l’intertextualité du XVIIIe siècle, puis des siècles ultérieurs, XIXe -XXe . Avec les contributions de Louise Dagenais et de Peter Halford ont été envisagées deux perspectives radicalement différentes d’intertextualité. La première portait sur la composante purement linguistique du marquage des niveaux de langue, en particulier des expressions familières, basses et proverbiales ou qualifiées comme étant du mauvais usage, dans Féraud (1787) et dans la dernière édition du Trévoux (1771), la comparaison systématique sur un corpus important permettant d’apprécier la portée des concordances et discordances. La seconde était orientée sur le pittoresque d’une partie du lexique jésuite dans les conditions concrètes de son utilisation au quotidien dans les couvents jésuites du Canada, via le précieux témoignage des écrits du Père Pierre Philippe Potier... mélange particulier, digne de la verve rabelaisienne, associant latinismes, termes savants, créations verbales, calembours et jeux de mots, ensemble dont il resterait à traquer les maigres échos dans le dictionnaire. Terence Russon Wooldridge a choisi d’établir un parallèle entre les deux séries d’éditions du Dictionnaire de l’Académie Française (1694-1935) et du Trévoux, à partir du Dictionnaire Universel de Furetière (1690-1771), pour montrer que, si le Dictionnaire Critique de Féraud (1787) apparaît bien comme une synthèse renvoyant explicitement tantôt à l’Académie, tantôt à Trévoux, en revanche chacune des deux séries envisagées accumule, modifie, supprime, ajoute, réorganise les informations données dans les éditions précédentes ; Terence Russon Wooldridge, inscrivant son propos selon le point de vue de la genèse des textes, n’a pas négligé celui de la lecture exégétique ou naïve d’articles isolés de la cohérence sérielle. Enfin, Marie Leca-Tsiomis a inscrit son propos dans la comparaison des discours de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, de la Cyclopedia de Chambers et du Dictionnaire de Trévoux dans deux de ses éditions, celles de 1743 et 1752, qui ont servi à l’établissement de la nomenclature de l’Encyclopédie et à une partie de son enrichissement concernant par exemple la représentation de la langue commune ; le but du propos était non seulement de mettre en évidence l’existence d’un matériau lexicographique européen, mais surtout de montrer par quelques exemples significatifs que le Dictionnaire de Trévoux a fourni à Diderot la base d’un discours critique et polémique pour la rédaction de l’Encyclopédie. L’intertextualité des XIXe et XXe siècles est indissociable du grand nom de Pierre Larousse et de ses continuateurs éditoriaux, comme le montrent les études de Jacques-Philippe Saint-Gérand puis de Jean Pruvost. Partant de la place de choix qu’occupe le Dictionnaire de Trévoux dans la Préface du Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, qui examine tout un pan de l’histoire de la lexicographie française depuis le XVIIe siècle (où Furetière, Ménage, Richelet, Boiste, Gattel, Laveaux, Roquefort, Dochez et Littré occupent une place de choix), Jacques-Philippe Saint-Gérand a montré d’abord comment Pierre Larousse a fixé surtout à partir de ce dictionnaire sa conception de la lexicographie polyphonique associant dans la dimension universelle les composantes de « Dictionnaire Général de Langue » et de « Dictionnaire encyclopédique » — Larousse ne privilégiant aucunement les polémiques pour laisser le lecteur libre d’apprécier les valeurs des sources alléguées au sein d’un ouvrage, lui-même véritable macrocosme idéologique —, pour finir sur la définition des contours de la représentation du Trévoux dans ce Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle. Enfin, Jean Pruvost, après avoir rappelé que la caractéristique des dictionnaires était l’information réticulaire, en a souligné l’importance en particulier dans les séries : partant de Pierre Larousse, il a détaillé l’exemple des réaménagements des articles du Petit Larousse, depuis le début du XXe siècle, où il est question de Trévoux et de ses productions, Mémoires et Dictionnaire. Nous devons encore souligner la présence active des éditions Redon (Marsanne) qui ont présenté aux participants intéressés, d’abord lors des quelques pauses de la journée, hélas souvent trop brèves, mais surtout en fin d’après-midi, leurs versions électroniques des dictionnaires anciens publiés sur cédérom : le Dictionnaire de la langue française de Littré, l’Atelier historique de la langue française réunissant quelques-uns des dictionnaires représentatifs des grandes périodes de la lexicographie française et des textes offrant un premier niveau d’intertextualité littéraire, sans oublier le dernier en date, le cédérom consacré à l’Encyclopédie. 2. 2.La matinée du samedi 16 octobre fut consacrée d’abord, pour ceux qui ne craignaient ni la marche sur galets, ni les grimpettes sur lieux parfois escarpés, à une visite guidée de la vieille ville dominant la Saône, en particulier sur les traces difficilement évocatrices de son ancienne imprimerie, puis de 10h30 à 12h30 à une présentation commentée — par nos soins — de la collection des exemplaires du Dictionnaire de Trévoux conservée en partie dans une des salles de la mairie de Trévoux, ce qui permettait d’illustrer, pièces en main et de visu, certaines des affirmations de la veille concernant les difficultés propres à l’étude du livre ancien (exemplaires différents d’une même édition, par exemple pour les deux exemplaires de 1704), appréciation contrastive des détails des ornements typographiques selon les ateliers d’imprimeurs, etc. A cette occasion fut présenté le fascicule décrivant l’ensemble de la collection selon les principes méthodologiques limités à la matérialité de l’objet livre, travail réalisé sous notre responsabilité par Béatrice Verne, étudiante à l’université Jean Moulin, stagiaire de l’association ASTRID, avec l’aimable collaboration d’Emmanuel Calheiros qui, en tant que développeur du patrimoine trévoltien, a participé à l’organisation de ces deux journées et a contribué à leur réussite. III. LE BILAN DE CES JOURNÉES : ACQUIS ET PERSPECTIVES NOUVELLES 1. Le bilan des acquis du colloque, dont les communications ont bien répondu à l’attente des thèmes proposés, peut se présenter selon trois points : 1. 1. L’ensemble nourri et diversifié des réflexions et des communications, tout en ayant contribué à enrichir une première approche du rôle du Dictionnaire de Trévoux comme somme de discours empruntés ou novateurs, aux fonctions multiples, instrument polémique et informationnel, lieu de transmission parfois orientée des savoirs, offre une base de travail qui devrait permettre de susciter enfin une monographie sur cette somme que constitue la série du Dictionnaire de Trévoux, et ce, bien au-delà de la simple publication d’actes. 1. 2.Le colloque a favorisé, nous semble-t-il, la constitution d’un groupe cohérent de chercheurs, a réuni une communauté d’individus dont la complémentarité peut donner naissance à d’autres entreprises ; d’autre part, dans la phase de préparation du colloque, nous avons pris l’initiative de créer un site internet qui a certes pour but de transmettre un certain nombre de documents ou d’informations, mais qui se donne surtout pour vocation de fédérer la diversité de contributions extérieures, en vertu de la logique propre au texte étudié qui convoque la pluridisciplinarité et l’intertextualité. 1. 3. La réalisation de la modeste plaquette consacrée au descriptif de la collection des exemplaires du Dictionnaire de Trévoux conservés à Trévoux nous offre désormais un exemple d’outil de travail, même dans son premier état de simple description qui a déjà démontré sa pertinence à divers titres : nous avons désormais la certitude qu’on ne peut étudier un dictionnaire ancien sérieusement, quelles que soient les approches (linguistiques et métalexicographiques ou autres) hors de son contexte éditorial, sans prendre en compte la spécificité des exemplaires consultés ; nous disposons en effet désormais des critères de base pour continuer nos investigations systématiques d’étude de bibliographie matérielle sur d’autres collections, en priorité celles de la région Rhône-Alpes et de l’Institut National de la langue française (sites de Nancy et Besançon), ce qui devrait donner lieu à des publications (de préférence électroniques) susceptibles d’intéresser un public très diversifié. 2. Les perspectives auxquelles ce colloque ouvre sont variées, mais nous n’en privilégierons ici que deux, celles de la communication et des implications méthodologiques : 2. 1. Outre la communication éditoriale évoquée ci-dessus, mais qui reste réservée à un public restreint, nous soulignerons l’intérêt d’une communication grand public, d’une vulgarisation fondée sur des recherches approfondies. Ainsi, par exemple, parallèlement aux travaux réalisés avec l’Association ASTRID pour ce qui concerne l’étude des sources nommées dans le Dictionnaire de Trévoux, un dossier est en cours. D’autre part, on peut souligner l’intérêt d’échanges interdisci-plinaires, par exemple pour l’histoire du livre avec les métiers de conservation des fonds, tout particulièrement des fonds anciens de bibliothèques. 2. 2. Pour les perspectives méthodologiques, nous avons évoqué supra la pertinence de la prise en compte des principes d’une forme d’historiographie propre à la série du Dictionnaire de Trévoux. Or, l’expérience de l’approche proposée à l’occasion de ce colloque confirme l’importance d’une telle étude de bibliographie matérielle pour tous les dictionnaires anciens ayant bénéficié de nombreuses éditions et divers retirages dans des ateliers différents, répartis sur les grands foyers d’impressions en France et en Europe ; les exemples du Richelet, du Furetière et du Basnage sont à cet égard très significatifs, tout comme celui de l’Encyclopédie. En effet, il apparaît désormais indispensable, dans ce genre de cas, que les lexicographes et métalexicographes ne se contentent plus d’études monographiques menées sur un seul exemplaire qui n’est pas toujours représentatif d’une seule et même édition. D’autre part, ce genre d’étude confirme de façon absolue les limites des analyses fondées sur des choix, des sondages, arbitraires ou aléatoires, porteurs potentiels de contresens ou d’abus qui, sous couvert de modélisation, risquent de trahir l’authenticité des textes anciens exploités alors de façon malhonnête. En revanche, la méthodologie, déjà expérimentée en partie à propos d’éditions contrefaites au XVIIe siècle et mise ici en œuvre de façon systématique pour le Dictionnaire de Trévoux, montre l’intérêt d’une historiographie fondée sur des typologies qui s’appuient sur des séries d’observations tangibles, observées sur des corpus de micro-diachronie sérieux. Nous espérons que l’expérience des acquis de ce colloque offrira, à sa façon, un exemple de la complémentarité entre différents genres d’approches, de la monographie aux analyses plus vastes, à la faveur des jeux de fonctionnements réticulaires des informations pluridisciplinaires et intertextuelles, le tout dans une dimension hypertextuelle d’analyses métalexicographiques ouvertes aux enjeux de la communication moderne. 1Texte rédigé par Isabelle TURCAN, alors membre junior de l’Institut Universitaire de France et Maître de conférences à l’université Jean Moulin Lyon 3, pages web créées le 31 décembre 1999. 2Colloque organisé par Isabelle TURCAN de l’Institut Universitaire de France avec le partenariat de l’université Jean Moulin Lyon 3, de l’Association ASTRID et de l’ancien INALF devenu ATILF, UMR 7118, Nancy 2. © Isabelle Turcan (janvier 2012) |